Vous en avez ras la casquette ? Vous voulez que ça change ? 

Oui, mais vous voulez changer quoi ? Changer de métier ou changer de cabinet ?

La question vaut 10 000 dollars tant elle s’est posée et se posera encore. 

J’entends souvent, comme premier élément de réponse : “Changer de métier ? Impossible ! Pour faire quoi ?

En effet, il y a une croyance folle mais répandue selon laquelle quand on est avocat, on ne sait faire que ça. 

On peut l’exprimer de plusieurs manières : 

  • “Je n’ai jamais managé une équipe”,
  •  “Je ne supporte pas la hiérarchie »,
  • “Impossible de reprendre mes études”,
  • “Je ne suis pas créatif pour un sou”.

Toutes ces phrases sont le signe d’une méconnaissance de ses véritables compétences et aptitudes et/ou du fonctionnement du monde professionnel (autre que celui des avocats).

Pourtant, au regard des conditions dans lesquelles les avocats travaillent au quotidien, on peut dire qu’ils ont un couteau suisse au bout de chaque doigt !

1. Quitter la profession ou quitter le cabinet ?

That is the question

Les avocats qui se posent cette question sont tous dans une situation qui ne les satisfait pas : les horaires de travail, un manque d’équilibre « vie pro/vie perso », un manque de reconnaissance, un  chiffre d’affaires instable ou un problème d’ordre relationnel.

Même l’avocat “heureux en cabinet » peut envisager d’accepter une proposition de recrutement qui lui permettrait d’avoir quelque chose que sa situation actuelle ne lui permet pas d’avoir.

Quelle que soit la situation dans laquelle on est, il faut s’interroger sur la source de son « insatisfaction » avant de prendre une décision.

Cette insatisfaction est-elle liée :

  • à la profession en elle-même ? (i.e. au contenu même son travail au quotidien).
  • au cabinet dans lequel on exerce ? (i.e. taille du cabinet, composition de l’équipe, rythme des dossiers, niveau de facturation attendu, etc.).

Le risque est grand de confondre les deux. C’est pourquoi ce travail préalable est indispensable pour ne pas prendre une mauvaise décision. 

Si cette réflexion vous renvoie au fait que c’est le cabinet dans lequel vous êtes qui est à l’origine de vos maux, il convient alors d’explorer la piste d’une nouvelle structure selon un cahier des charges précis. Il y a tant de cabinets (et c’est une bonne chose), qu’il y en forcément un qui est fait pour vous !

Si cette réflexion vous renvoie au fait que c’est la nature même de vos prestations au quotidien qui vous barbe (trop de rédactionnel par exemple), alors se pose la question du changement de cap, de secteur, de job (ou alors d’un changement de spécialité … plus rare mais possible !)

2. Comment « bien » changer de cabinet ou de job ?

Après avoir fait ce premier travail de réflexion, il est essentiel de s’interroger ensuite sur les faits générateurs de votre insatisfaction. 

Quelle est votre part de responsabilité ? (je vous rassure, on en a presque toujours une). Qu’avez-vous fait / pas fait pour faire évoluer la situation ? 

L’idée n’est pas de se plomber. Loin de là. Il s’agit juste d’être conscient de la marge de manœuvre dont nous disposons, de ce dont on nous sommes capables, en fonction de son tempérament et de ses compétences. 

En faisant cela, on va éviter de “coller un pansement sur une jambe de bois” en rejoignant un autre cabinet ou une entreprise dans lequel/laquelle vous serez confrontés aux mêmes problèmes d’ici quelques mois. Mêmes causes, mêmes conséquences

Pour résumer : il faut identifier nos pains points et comprendre d’où ils viennent pour que notre point d’atterrissage (i.e. le nouveau job ou le nouveau cabinet) nous corresponde vraiment, et ce, à long terme. 

3. Partir, mais pour aller où et pour faire quoi ? 

Dans le Larzac, élever des chèvres.

Plus sérieusement :

Si vous n’en avez pas fini avec le métier d’avocat alors lancez-vous à la recherche du cabinet qui vous correspond vraiment.

Pour le trouver, il est nécessaire de définir/valider au préalable :

  • votre positionnement commercial  

Vous devez offrir au « nouveau » cabinet la possibilité poursuivre son développement au travers de votre expertise. En contrepartie, le « nouveau » cabinet doit vous permettre de travailler votre visibilité et développer votre clientèle via la mise en oeuvre de sa propre stratégie commerciale : politique de cross selling, budget marketing communication, mise en place de partenariats, politique de recrutement de collaborateurs, etc). 

  • vos valeurs professionnelles (en évitant les traditionnelles « valeurs tartes à la crème » : respect, bienveillance, partage, …). 

Je ne dis pas que les valeurs sont tartes à la crème par nature. Je dis juste qu’elles doivent avant tout être nommées/éprouvées au travers de comportements de la vie de tous les jours. J’aime bien travailler ce sujet en étudiant des situations extrêmes et en analysant les « valeurs » qui en ressortent « Votre associé va déjeuner avec un de vos clients sans vous convier : Quelle est votre réaction ? Pourquoi ? Qu’aurait-il dû faire ? Comment peut-il réparer la situation ? Quel va être votre comportement ensuite ? ». 

Bref du concret, rien que du concret et surtout des questions précises à poser en entretien pour sonder le « nouveau » cabinet qui semble s’intéresser à vous. Vous passez certes un entretien mais lui aussi (de ce point de vue là) !

Si en revanche votre travail de réflexion vous a mené vers un “changement de cap, de deux choses l’une (voyons les deux extrêmes) : 

  • soit vous avez une idée très précise du “projet bis” (comme l’enfant de 7 ans qui dit qu’il veut être pompier plus tard et qui devient effectivement pompier, le bougre !) : dans ce cas, il convient d’abord identifier si votre positionnement actuel (parcours, expérience, compétences) est bien en adéquation avec ce nouveau projet. Ensuite, il faut mettre en place une road map qui pourra inclure une formation additionnelle si cela s’avère nécessaire.
  • soit vous n’avez pas la moindre idée de ce qui peut vous plaire (normal quand on a la tête dans le guidon). Le projet de changement de carrière peut alors ressembler à un rêve lointain et flou.

Il faut alors se lancer dans un travail minutieux consistant à répertorier ET décortiquer tout ce qui vous plaît professionnellement parlant, en partant des tâches les plus insignifiantes jusqu’aux prestations les plus techniques : faire des points sur les dossiers avec vos collaborateurs, rencontrer des clients potentiels, faire des présentations en interne, parler en public, plaider, trier vos dossiers, être le chef d’orchestre sur des dossiers, etc.

L’erreur à ne pas commettre est de globaliser. 

Sur la base de l’ensemble des prestations identifiées, il est ensuite intéressant de construire une fiche de poste afin d’étudier, dans un second temps, le marché.

Cet exercice permet de poser ses idées et de trouver une certaine sérénité dans ses recherches (sortir la tête du guidon ?). 

C’est souvent à ce moment-là que des opportunités se présentent, tout simplement parce que nous sommes désormais sensibles à ce qui nous plait.

So ?

Raccrocher la robe ou changer de cabinet d’avocats ? Avant de prendre une décision qui touche sa carrière, il est essentiel de se poser les bonnes questions. Une des missions de WHITE PEACOCK est d’amener les avocats à mûrir leur réflexion et construire leur projet de changement … de cabinet ou de carrière !

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